- GASCOGNE (GOLFE DE)
- GASCOGNE (GOLFE DE)Le golfe de Gascogne est un coin d’Atlantique enfoncé entre l’Espagne et l’Armorique. Sa limite conventionnelle est une droite joignant le cap Ortegal, en Galice, à la bouée d’ar-Men, au large de Sein. Sa partie centrale est une plaine abyssale de 4 800 m de fond, qu’un escarpement continental vigoureux sépare de plateaux continentaux assez vastes. Il représente ainsi un type de mer intracontinentale largement ouverte sur l’Océan, ce qui lui confère des caractères hydrologiques moins différenciés que ceux de la mer Celtique voisine.Géomorphologie et sédimentologieBien que la cassure qui a donné naissance au golfe de Gascogne soit ancienne, comme le montre le fait qu’elle se prolonge, au-delà de l’Atlantique, entre le Groenland et le Labrador, elle n’a joué que tardivement et assez brièvement soit que le bloc espagnol se soit déplacé latéralement, soit, plus probablement, qu’il ait pivoté d’environ 300 autour d’un axe situé vers Tarbes. Un nouveau fond océanique s’est alors formé dans l’entrebâillement; mais le mouvement d’ouverture a cessé depuis longtemps, et il ne reste que des traces fort incertaines de la dorsale qui a pu occuper l’axe de la plaine abyssale; la partie orientale de la dépression ainsi ouverte a même été totalement colmatée par les apports pyrénéens.Les plateaux continentaux sont remarquables par leur dissymétrie (cf. carte). Le plateau espagnol, qui borde une région montagneuse, est étroit et relativement accidenté, tapissé d’éléments détritiques au pied des monts Cantabriques, alors que devant la Galice les sables, mieux triés, contiennent une part plus importante d’éléments marins (glauconie et débris coquilliers). Ce plateau est entaillé par quelques canyons dont les têtes remontent presque jusqu’au littoral, à la faveur d’accidents tectoniques dans l’intervalle desquels l’escarpement continental, à pente forte, est assez peu découpé.Il en va tout autrement devant la côte sud des Landes: entre le gouf de Capbreton et le canyon du cap Ferret, tous deux orientés est-ouest jusqu’aux fonds de 3 200 m, l’escarpement continental, né du colmatage propyrénéen, a une pente médiocre; le plateau, tapissé presque uniquement de sables siliceux, prolonge la plaine des Landes, et les fortes houles d’ouest en assurent le tri et la platitude. Au nord de la latitude d’Arcachon, topographie et sédiments deviennent plus variés: les apports anciens de la Gironde, lors des régressions quaternaires, ont déposé deux nappes de sables grossiers, dont l’une débouche sur le canyon des Sables-d’Olonne et l’autre sur celui du cap Ferret, alors que les apports actuels de la Gironde, plus fins, ont édifié un delta sous-marin d’une trentaine de kilomètres de rayon.Entre la Gironde et la chaussée de Sein, la complexité est très grande: le littoral, fortement indenté, est précédé d’îles à l’abri desquelles se sont formées des vasières prélittorales: les unes en continuité avec les marais maritimes (Pertuis breton), les autres n’existant qu’au-dessous de 15 ou 20 m de profondeur (baie de Concarneau). La Loire, après avoir jalonné de sables grossiers son chenal des temps de régression, a depuis construit successivement, l’un devant l’autre, deux deltas sous-marins. Un ourlet de matériaux détritiques borde le continent et les îles, tandis que des reliefs submergés, tantôt granitiques (Rochebonne), tantôt faits de calcaires ou de grès tertiaires, accidentent les marges internes de la plate-forme continentale proprement dite; celle-ci cesse progressivement de prolonger les plaines littorales pour s’installer bien en contrebas: elle commence vers 40 m de fond devant les côtes vendéennes, vers 90 m de fond devant Penmarc’h. Parallèlement, le rebord de l’escarpement continental s’enfonce vers le nord-ouest, de 130 m au droit de la Gironde à 170 m au large d’Audierne. Cet affaissement de la plate-forme vers le nord-ouest explique l’apparition et le développement de dépôts fins connus sous le nom de «grande vasière», de part et d’autre des fonds de 100 m.L’escarpement continental sud-armoricain, dont le tracé d’ensemble est rectiligne, est profondément incisé par des canyons plus ou moins hiérarchisés, dont les principaux (canyons des Sables-d’Olonne, de Saint-Nazaire et d’Audierne) semblent nés, respectivement, du déversement direct des eaux turbides de la Gironde, de la Loire et de la Seine lors des régressions quaternaires. Moins raide que du côté espagnol, l’escarpement est, dans les intervalles entre les canyons, décomposé en abrupts de 500 à 800 m de dénivellation, séparés par des «replats» en pente douce, de quelques kilomètres de large.À partir de 4 000 m de fond, la base de l’escarpement est revêtue d’un glacis de débris trop grossiers pour avoir continué leur route vers le large. La partie la plus profonde du golfe est faite d’une plaine abyssale, très doucement inclinée de l’est (où les collines disparaissent vers 4 750 m de profondeur) vers le sud-ouest (où, par la porte Théta, les boues du fond se déversent vers la plaine abyssale d’Ibérie).Hydrologie et exploitationDans la partie la plus profonde du golfe de Gascogne pénètrent les eaux de fond de l’Atlantique, et notamment l’eau intermédiaire issue du détroit de Gibraltar. Seules les eaux superficielles se répandent sur les plateaux continentaux, où elles ont en été une stratification marquée: de longues périodes de calme permettent alors l’échauffement assez marqué d’une couche mince (de 12 à 15 m), qui peut occasionnellement atteindre 21 0C, même dans le nord, alors que les eaux de fond s’écartent peu de 11 0C. Plus souvent, l’intervention réitérée des petites tempêtes d’été brasse les couches superficielles, portant l’épaisseur de la masse supérieure à 30 ou 35 m, mais ramenant sa température à 18 0C. Les premières grandes tempêtes d’automne brassent toute l’épaisseur d’eau, et l’homothermie persistera jusqu’au printemps, avec des températures voisines, au large, de 11 0C. Près de la côte, des températures plus basses peuvent être enregistrées.La salinité, de 35,5 000 au large, est abaissée localement à des valeurs très faibles au débouché des fleuves, surtout lors des crues d’hiver.Les marées sont peu variées dans le golfe de Gascogne: l’onde de marée atteint à peu près simultanément toute la côte française avec une hauteur quasi constante de 5 à 6 m en grandes vives eaux. Les courants de marée, beaucoup moins vifs qu’en mer Celtique ou en Manche, sont donc rarement parallèles à la côte et ne jouent qu’un faible rôle dans les transports de sédiments.Les houles sont surtout de secteur ouest: l’abri de l’Irlande et des hauts fonds de la mer Celtique atténue beaucoup les houles de nord-ouest, sauf dans la partie méridionale du golfe, et surtout sur la côte des Landes. Les houles très longues de sud-ouest, mises en route par les ouragans tropicaux, ne sont cependant pas rares sur les côtes bretonnes. Mais, dans l’ensemble, la région est beaucoup moins agitée que la mer Celtique, partant beaucoup moins dangereuse pour les pêcheurs.Aussi une petite pêche côtière tente-t-elle de se maintenir sur le plateau continental, malgré l’épuisement des fonds; de petites unités bretonnes, luziennes et espagnoles pratiquent surtout le chalutage, accessoirement la pêche à la palangre, et les pêches au thon et à la sardine. L’âpre concurrence que se font les pêcheurs devrait aboutir rapidement au dépeuplement complet des fonds, si l’on ne recourt pas à temps à la mise en défens de secteurs destinés à la reproduction.
Encyclopédie Universelle. 2012.